Lettre d'information #86

Pas d'assurance, pas de forage

Friday, March 15, 2024 by Extinction Rebellion

La police arrête de dangereux « Dirty Scrubbers » avant une journée d'actions contre des compagnies d'assurances, au cœur de Londres (Royaume-Uni).

Dans ce numéro : Assurez notre futur ! | RDC contre croissance verte | Fondatrice de XR Zambie

Cher·ère rebelle,

Sans assurance, les projets d'exploitation de combustibles fossiles, comme les oléoducs et les mines de charbon, ne peuvent être mis en œuvre. D'ailleurs, seulement 20 compagnies assurent 70 % de l'ensemble de ces projets. Pourtant, ces entreprises sur lesquelles repose notre système écocidaire sont, en grande partie, passées sous le radar. Jusqu'à maintenant.

Pendant une semaine, des milliers d'activistes ont mené une centaine d'actions coordonnées visant d'importantes compagnies d'assurance, partout dans le monde, pour exiger qu'elles cessent de soutenir l'industrie des combustibles fossiles.

Au moins quelques directeurs de ces compagnies d'assurance ont prêté l'oreille. Pour en savoir plus sur la campagne « Assurez notre futur » et sur les victoires remportées, consultez la section Temps forts.

Un activiste verse du « pétrole » sur de l'argent, à l'occasion d'un rassemblement d'« Assurez notre futur » en Indonésie.

Vous pouvez également lire un Reportage spécial sur la manière dont des rebelles en RDC font face à la guerre qui frappe à leur porte. Une milice violente, soutenue par le Rwanda, a envahi l'est du pays, riche en minerais, déplaçant plus de 10 millions de personnes. Nous nous entretenons avec des membres de XR Université de Goma, alors que la milice s'approche de leur ville.

Dans la section Résumé d'actions, nous couvrons la reprise des blocages de l'A12 par des rebelles néerlandais·es, la poursuite de la protection de zones humides arctiques par des rebelles finlandais·es, et de nombreuses autres actions de perturbations menées par des rebelles à l'international. Enfin, dans la partie Les humains de XR, nous interrogeons la fondatrice de XR Zambie sur son parcours de militante écologiste.

Les compagnies d'assurance sont supposées nous protéger des risques, et non ouvrir la voie vers un monde où ceux-ci seraient omniprésents. Tant qu'elles soutiennent des projets liés aux combustibles fossiles, nous devons interférer avec leurs affaires et demander des comptes à leurs directeurs. Pas d'assurance, pas de forage. Pas de justice, pas de paix.


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Contenu

  • Temps forts: Assurez notre futur !
  • Reportage spécial : La croissance verte saigne la RDC
  • Résumé d'actions : Pays-Bas, Rwanda, Afrique du Sud, Hongrie, Italie, Finlande, Allemagne, Belgique, France, Irlande, Danemark
  • Les humains de XR : Precious, Zambie
  • Lectures indispensables : Des assureurs étasuniens soutiennent le méthane ; Recyclage frauduleux du plastique ; Vidéo d'un rap de Goma ; Perspectives des ressources mondiales de l'ONU ; Rébellion des mères (Mothers* Rebellion)
  • Annonces : Jour de la Terre ; Court-métrage « Plan Z »

Temps forts

Assurez notre futur, pas les combustibles fossiles !

26 FÉVRIER–3 MARS | À l'international

« Assurez notre futur », une coalition internationale de groupes d'activistes, sort d'une semaine d'actions au cours de laquelle des rebelles, partout dans le monde, ont occupé des bâtiments et organisé des prestations pour dénoncer le rôle, souvent ignoré, du secteur de l'assurance dans l'aggravation de la crise climatique.

Les rebelles ont rejoint des milliers d'activistes dans 31 pays, répartis sur tous les continents (à l'exception de l'Antarctique), pour mener des actions visant d'importantes compagnies d'assurances. Certaines des ces actions ont abouti à d'importantes victoires.

En raison d'un manque de transparence au sein de ce secteur, il n'est pas toujours évident de savoir quels projets sont soutenus par quelles compagnies. En revanche, il est clair que la plupart des compagnies d'assurances donnent la priorité à des politiques contraires à l'éthique et totalement hypocrites, qui portent préjudice à des communautés dans chaque recoin de la planète.

Rassemblements en Suisse, en Ouganda, au Nigeria et aux États-Unis (dans le sens des aiguilles d'une montre à partir du coin supérieur gauche).

Les Étasunien·nes qui possèdent une maison entendent de plus en plus souvent que leurs propriétés, endommagées par des phénomènes météorologiques extrêmes, ne sont pas assurables...tandis que de nouvelles infrastructures destinées aux exportations de méthane liquéfié sont rapidement couvertes. Des organisations locales du Texas et de la Louisiane ont occupé pacifiquement les halls d'entrée de Chubbs et d'AIG à Houston, afin de dénoncer le fait que ces grandes compagnies favorisent les émissions de CO2, sans se préoccuper des conséquences.

À Londres, des rebelles se sont allié·es à diverses organisations pour occuper les bureaux de cinq grandes compagnies d'assurances. Plus tard, une équipe de désamorçage des bombes carbone composée de 800 personnes a formé une chaîne autour de l'assureur « Lloyd's of London », afin d'en bloquer l'entrée. Des rebelles ont également ciblé les cadres des entreprises ayant terminé leur journée de travail, et se sont rendu·es dans des pubs locaux pour engager la conversation sur les changements climatiques avec eux.

La répression gagne en intensité au Royaume-Uni, la preuve en est qu'une action de greenwashing des « Dirty Scrubbers » n'a pas eu lieu, en raison de l'arrestation du groupe et de la confiscation de leur machine en chemin. Cependant, l'impressionnante campagne de XR Royaume-Uni a porté ses fruits : le PDG de la compagnie d'assurances Zurich doit s'entretenir avec des activistes, et Probitas a retiré son soutien au pipeline panafricain EACOP ainsi qu'à une nouvelle mine de charbon au Royaume-Uni.

Rassemblements contre Tokio Marine au Pakistan, au Japon, en Corée du Sud, aux Philippines (dans le sens des aiguilles d'une montre, à partir du coin supérieur gauche).

L'appel à l'abandon d'EACOP a résonné dans le monde – « Fridays for Future Uganda » a notamment organisé une représentation de danse et des activistes de Stop EACOP en Tanzanie réclament que des assureurs chinois soutenus par l'État renoncent à ce projet écocidaire.

La compagnie Tokio Marine a été ciblée par des activistes dans toute l'Asie, et notamment en Indonésie, aux Philippines, au Pakistan et au Japon, à cause de son soutien à la production mondiale de charbon et de son retrait de l'alliance des assureurs pour le zéro carbone (« Net Zero Insurance Alliance »), sous la pression des lobbys des combustibles fossiles.

Plus d'une centaine d'actions se sont déroulées pendant la semaine – trop pour une seule lettre d'information. Mais cette campagne a visiblement mobilisé un nombre incroyable de personnes, et a exercé la pression qu'il fallait sur un secteur passant sous le radar depuis trop longtemps.

Suivez la campagne « Assurez notre futur » sur son site web.


Reportage spécial

La croissance verte saigne la RDC

JANVIER / FÉVRIER | République démocratique du Congo (RDC)

À Goma, des activistes dénoncent l'inaction nationale et internationale, à la suite d'attaques violentes d'une milice soutenue par le Rwanda. Photo : LuchaCongo.org

« Chaque téléphone contient le sang d'une personne congolaise. » Ces mots prononcés par un rebelle de Goma, une ville de la République démocratique du Congo, résument les liens mortels entre la guerre, le pillage de ressources et l'effondrement climatique.

C'est en RDC, plus que nulle part ailleurs, que ces liens apparaissent aussi clairement et terriblement, où les milices du M23 sont financées par le gouvernement rwandais, qui reçoit lui-même des fonds du Royaume-Uni, des États-Unis et de bien d'autres, commettent des tueries et détruisent l'environnement à mesure qu'elles déferlent dans l'est du pays.

Les rares fois où les médias de masse parlent de la RDC, elle est décrite comme un pays pauvre, déchiré par les conflits au cours de son histoire « compliquée ». Cependant, une telle présentation fait l'impasse sur ce qui catalyse la violence dans la région depuis sa colonisation – le vol des ressources.

Selon le Dr. Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix, les fondements du conflit qui persiste dans l'est de la RDC depuis presque 30 ans, et qui est le plus mortel depuis la Deuxième Guerre mondiale, sont essentiellement économiques. Entre 1996 et aujourd'hui, plus de 10 millions de personnes sont mortes, et d'innombrables autres ont été déplacées, violées ou recrutées de force (même les enfants !) au sein de groupes armés. Un rapport de l'IPIS identifie le commerce illégal de minerais comme étant l'une des sources du problème.

Lors de la Journée internationale des droits des femmes, des activistes congolaises, dans la ville de Beni, demandent justice pour les femmes victimes de violence en RDC. Photo : @luchaRDC

Les combats actuels ont déplacé plus de 10 millions de personnes et se sont accompagnés d'une autre vague de meurtres sans distinction, de viols de masse et de maladies, tandis que les milices armées ravagent les forêts tropicales du pays par de l'abattage d'arbres et du braconnage.

Bien que la population congolaise, dont 70 % vit avec moins de 2 € par jour, souffre depuis longtemps du vampirisme de l'extractivisme, la RDC est en réalité le pays le plus riche du monde sur le plan des ressources naturelles.

Les combustibles fossiles de la RDC sont exploités par des entreprises étrangères depuis des décennies. En 2023, des rebelles de XR Université de Goma ont parcouru des milliers de kilomètres à travers le pays pour mobiliser des communautés et s'opposer à la vente de nouveaux blocs pétroliers et gaziers, dont la plupart couvrent des zones protégées et seraient liés au pipeline écocidaire EACOP.

Actuellement, les activistes passent de longues heures à s'occuper des arrivées en masse de personnes déplacées internes, en plus des pénuries de nourriture et des épidémies de choléra. D'autres membres de leurs réseaux ont été déplacés, blessés ou même tués. Pour les rebelles congolais·es, il n'existe pas de différence entre la lutte pour la justice environnementale et le combat contre les cycles répétés de violence et de pillage de ressources.

Un rassemblement à Nairobi, Kenya, visant à dénoncer l'agression rwandaise en RDC. Photo : @luchaRDC

Alors que la finance mondiale se prépare à la « croissance verte », la violence s'est une fois de plus invitée en RDC, en raison de ses richesses naturelles. Le pays héberge les plus grandes réserves mondiales de coltan, de vastes dépôts de cuivre, de diamants, d'étain, d'or et plus de 63 % du cobalt sur la planète. Ces ressources sont convoitées par des groupes armés qui les vendent à des entreprises et aux États riches voulant fabriquer des téléphones, des ordinateurs, des batteries et, de plus en plus souvent, des technologies d'énergie renouvelable.

Au milieu du chaos provoqué par les milices, les minerais sont plus facilement détournés vers le Rwanda, d'où ils sont exportés. Le Trésor des États-Unis estime que, en 2023, plus de 90 % de l'or de la RDC a été introduit clandestinement dans des pays tels que le Rwanda et l'Ouganda, où il est raffiné puis envoyé aux Émirats arabes unis, principalement. Curieusement, le Rwanda est le premier exportateur mondial de coltan, alors qu'il est l'un des plus petits producteurs de minerais en Afrique. Si l'on ne tient pas compte des minerais de conflit, les chiffres ne tiennent pas la route.

Lors d'une action de solidarité à l'extérieur et à l'intérieur du parlement britannique, des rebelles ont dénoncé le gouvernement du Royaume-Uni, ayant accordé des sommes considérables au Rwanda pour que celui-ci finance ses politiques d'asile extrêmes et ayant ainsi, indirectement, permis le vol de plus de 21 billions d'euros de ressources naturelles à la RDC.

Des rebelles manifestent devant le parlement britannique contre le financement du conflit en RDC.

Les donateurs internationaux voient le Rwanda comme une puissance régionale utile, permettant de continuer le pillage de l'Afrique. L'économie du pays se développe et de nouvelles infrastructures sont construites rapidement, pourtant, cette croissance n'a profité qu'à une élite restreinte. Le gouvernement rwandais est devenu de plus en plus autoritaire et multiplie les violations des droits de l'homme.

« Nous voyons un cynisme à son comble en matière de géostratégie ainsi qu'une différence de traitement sur le plan des politiques, signale un rebelle de Goma. On montre ce qui arrive en Ukraine, ce qui arrive à Gaza. Pourquoi ne montre-t-on pas ce qui arrive en RDC ? Pourquoi n'y a-t-il pas de sanctions contre le Rwanda, qui soutient officiellement, visiblement, ces milices ? »

Les rebelles de la RDC appellent de toute urgence à une transition « verte » donnant la priorité à la justice et non à de nouvelles sources de revenus, et mettant fin à l'exploitation coloniale une fois pour toutes. Autrement, notre transition verte sera tachée du sang rouge des hommes, femmes et enfants congolais·es, victimes collatérales de l'enrichissement des mêmes vieilles élites racistes.

Suivez XR Université de Goma sur Facebook.


Résumé d'actions

3 FÉVRIER | La Haye, Pays-Bas : Environ 2000 rebelles ont de nouveau investi l'A12 pour réclamer la fin des subventions colossales versées par leur gouvernement en faveur des combustibles fossiles. Il s'agissait du 36e blocage de l'autoroute par les rebelles, mais du premier depuis que le parlement néerlandais a accepté de réévaluer, voire de supprimer, certaines subventions en octobre 2023. Depuis lors, le Sénat néerlandais a voté contre tout changement, et les choses se sont poursuivies comme si de rien n'était. Plus tard dans le mois, 40 rebelles ont bloqué le Ministère des Finances pour son inaction concernant les subventions. Un autre blocus de l'A12 a été annoncé pour le 6 avril.

4 FÉVRIER | Kigali, Rwanda : Les activistes de Scientist Rebellion ont manifesté devant le Haut Commissariat ougandais et l'ambassade de la République démocratique du Congo, pour demander la fin de l'EACOP et de la vente aux enchères des tourbières de la République démocratique du Congo à des fins de prospection pétrolière.

9 FÉVRIER | Johannesburg, Afrique du Sud : XR Gauteng manifeste devant le siège de la Standard Bank pour exiger qu'elle cesse de soutenir le vaste oléoduc EACOP, ainsi que divers projets concernant le gaz et le charbon à travers l'Afrique. La police a pris d'assaut la petite manifestation pacifique, mais les rebelles ont promis de revenir tous les vendredis jusqu'à ce que la banque réponde à leurs demandes.

13 FÉVRIER | Budapest, Hongrie : Des rebelles affrontent le président de Shell Hongrie alors qu'il s'exprime à l'université Corvinus, mais sont (tristement) évacués par d'autres étudiants. Photo : Dániel Alföldi

14 FÉVRIER | Italie : XR Italie lance des actions dans huit villes le jour de la Saint-Valentin pour dénoncer la relation toxique entre leur gouvernement et le climat. Les rebelles de Turin (photo), Milan, Bologne, Trévise, Rome, Udine, Bari et Palerme ont présenté des spectacles ironiques dans les rues pour rappeler les températures record, les inondations et les sécheresses qui ont frappé le pays au cours de l'année écoulée.

17–29 FÉVRIER | Viiankiaava, Finlande : Les rebelles ont eu recours à des tubes d'acier, des verrous et des trépieds pour fermer, à plusieurs reprises, un site de forage expérimental dans les zones humides de l'Arctique, dans le nord de la Finlande. L'industrie minière veut extraire du nickel et du cuivre de la réserve naturelle protégée, et XR Elokapina poursuit son incroyable campagne pour l'en empêcher. L'assouplissement des règles de sécurité, les barrières anti-émeutes et la présence constante de personnel de sécurité ont rendu leur travail plus difficile, mais les rebelles finlandais᛫es et suédois᛫es continuent de perturber les plateformes de forage en se rendant sur le site à ski, en équipes de 40 ou d'une seule personne.

1 MARS | Buenos Aires, Argentine : Les rebelles ont rejoint une alliance de manifestant·es devant le Congrès national afin de surveiller de près leur nouveau président pendant son discours sur la situation actuelle. Celui-ci a récemment qualifié le Congrès de « nid à rats » après le rejet de sa loi écocidaire Omnibus, qui aurait permis aux entreprises de piller les ressources naturelles du pays en toute impunité. Entretemps, ses fortes coupes économiques ont entraîné une inflation vertigineuse et une montée en flèche de la pauvreté dans toute l'Argentine.

2 MARS | Berlin, Allemagne : Inspirée par la campagne de XR Pays-Bas, une alliance « Stop aux subventions aux énergies fossiles (Stop Fossil Subsidies) », intégrant des rebelles, a bloqué une route majeure. Ce sont 400 activistes qui ont demandé la fin des subventions aux combustibles fossiles et dénoncé les projets d'extension de l'autoroute dans la région. Pour 13 milliards d'euros d'impôts allemands consacrés à la protection de l'environnement, au moins 48 milliards d'euros sont dépensés en subventions néfastes pour la nature.

2 MARS | Bruxelles, Belgique : Inspiré par la campagne de XR Pays-Bas, et rejoint par des rebelles néerlandais᛫es en visite, XR Belgique demande également la fin des subventions aux combustibles fossiles ! 150 rebelles ont perturbé la circulation urbaine jusqu'à ce que la police anti-émeute les encercle et les force à quitter la chaussée. Les élections sont imminentes dans le pays et les rebelles prévoient une vague d'actions jusqu'au jour du vote. Photo : @Engrainagemedia

2 MARS | Lyon, France : 400 activistes de XR Lyon et Youth For Climate Lyon ont rendu visite à Arkema, une usine qui produit des PFAS, aussi appelés produits chimiques éternels (forever chemicals), qui ont contaminé les rivières, les sols et l'eau potable de la région. Les activistes ont escaladé le bâtiment, lâché des banderoles, actualisé le logo de l'entreprise et bloqué les entrées. Une armée de policiers anti-émeutes est arrivée pour protéger l'entreprise écocidaire et a fait usage de gaz lacrymogène, de gaz poivré et de matraques pour disperser la manifestation, blessant gravement trois personnes.

4 MARS | Dublin, Irlande : Les rebelles se sont rassemblé·es avec la Faucheuse à l'extérieur d'une conférence bancaire parrainée par JP Morgan, la pire banque au monde en matière d'investissements dans les combustibles fossiles depuis l'Accord de Paris sur le climat. Vous pouvez lire un premier compte-rendu de l'action sur le site web de XR Irlande. Photo : E Connolly


Les humains de XR :

Precious, Zambie

Precious fait campagne pour une nouvelle loi sur l'annulation de la dette à Lusaka, en Zambie.

J'ai créé XR Zambie en 2018, peu de temps après l'apparition d'Extinction Rebellion. Je n'étais pas complètement novice en matière d'activisme climatique, puisque je m'étais engagée auprès du Citizens' Climate Lobby, ici à Lusaka, où je vis.

Lorsque nous avons lancé XR Zambie, de nombreuses personnes nous ont rejoints, mais ces dernières années, il a été plus difficile de rassembler un grand nombre de personnes. Malgré tout, nous sommes une vingtaine au sein de l'équipe centrale et nous travaillons dur pour planifier des actions et éduquer nos compatriotes sur les causes et les impacts du changement climatique.

Je suis consciente de la crise climatique et écologique depuis longtemps. J'ai grandi dans un village situé à la lisière d'une grande forêt et, en grandissant, j'ai constaté qu'elle disparaissait de plus en plus. C'est là que j'ai commencé à militer pour la reforestation, en incitant la population locale à planter un arbre pour chaque arbre abattu.

Ces dernières années, les inondations se sont multipliées dans mon village natal, et la maison de mon père a été détruite par une inondation particulièrement grave. Les sécheresses s'aggravent également et tout cela fait augmenter le prix des denrées alimentaires. Beaucoup de gens ne mangent pas à leur faim et de nombreuses filles ne peuvent pas étudier à l'école parce qu'elles ont tout simplement trop faim.

Ce qui est très dur, c'est que la Zambie a si peu contribué aux émissions de gaz à effet de serre, mais que nous souffrons tellement. Le niveau d'anxiété est très élevé ici, car nous sommes confronté·es à des sécheresses, des inondations et des mauvaises récoltes de plus en plus nombreuses et de plus en plus graves. Parfois, tout cela me donne envie d'abandonner l'activisme - il y a tellement de souffrance. Mais cela me pousse aussi à continuer, car nous devons continuer à nous battre pour mettre fin à ces souffrances et améliorer nos vies. Nous n'avons pas le choix.

Au sein de XR Zambie, nous travaillons dans de nombreux domaines, notamment l'accès à l'eau potable, la pollution plastique et l'éducation climatique. En ce moment, nous nous concentrons sur l'annulation de la dette, car un pays comme le mien ne peut pas faire grand-chose pour lutter contre la crise climatique tant qu'il est accablé par la dette extérieure.

Plus d'un tiers du budget annuel de la Zambie est consacré au remboursement de la dette. Nous nous battons donc, aux côtés de Debt for Climate, pour que cette dette injuste soit annulée par le FMI, la Banque mondiale et des entreprises comme BlackRock.

Nous voulions organiser une action dans le centre de Lusaka dans le cadre de la campagne « Insure Our Future (Assurez notre futur) », mais nous n'avons pas pu le faire car la police n'a pas voulu nous accorder de permis de manifester. Cependant, j'ai participé à une action de Rébellion des mères (Mothers* Rebellion) lors de la Journée internationale pour les droits des femmes et, en avril, nous organisons une marche avec Debt for Climate coïncidant avec une réunion du FMI et de la Banque mondiale. Nous manifesterons à nouveau à l'occasion de la Journée de la libération africaine en mai.

La situation est très difficile, mais je continue à me battre et à espérer que nous obtiendrons l'annulation de la dette, que nous cesserons de polluer la planète et que les choses iront beaucoup mieux pour nous et pour nos enfants.

Si vous connaissez (ou êtes) un·e rebelle quelque part dans le monde qui a une histoire à raconter, contactez-nous sur [email protected]


À lire

*Les « Yes Marbles » rejoignent le blocus de l'A12 aux Pays-Bas, déguisés en parfaits fonctionnaires, avec des chevalets de pompage à la place du cerveau.

Reportage : Les compagnies d'assurances qui soutiennent secrètement le boom du gaz méthane aux États-Unis
Rainforest Action Network et Public Citizen révèlent qu'au moins 35 compagnies d'assurance internationales soutiennent des infrastructures de méthane liquéfié dans le sud du golfe des États-Unis qui, si elles sont construites, exporteront chaque année un volume émettant l'équivalent de 239 centrales à charbon.

Reportage : La fraude du recyclage du plastique
Au cours du même mois durant lequel des microplastiques ont été retrouvés dans chaque placenta humain analysé dans le cadre d'une étude, le Centre pour l'intégrité du climat a publié un rapport sur la manière dont les grandes sociétés pétrolières et l'industrie du plastique ont encouragé le recyclage pendant plus de 50 ans, tout en sachant qu'il ne s'agit pas d'une solution viable pour les déchets en plastique. À quel point ces gens peuvent-ils être détestables ?

Vidéo musicale : Bosembo de Ben Kamuntu & Ben Man (4 minutes)
Cette chanson puissante des membres de Goma Slam Session, un collectif de jeunes poètes et rappeurs de la République démocratique du Congo, fait partie d'une campagne visant à obtenir justice pour les crimes commis dans le pays, de 1993 à aujourd'hui, y compris ceux documentés dans le rapport du Projet Mapping des Nations unies en République du Congo.

Reportage : Perspectives des ressources mondiales de l'ONU 2024
L'extraction mondiale de ressources naturelles augmentera de 60% d'ici à 2060, entraînant des conséquences désastreuses pour le climat et l'environnement. Voilà ce qu'annonce ce nouveau rapport des Nations unies. L'exploitation des matières premières de la planète a augmenté de près de 400% depuis 1970 et est déjà responsable de 60% de l'impact du réchauffement climatique, de 40% de l'impact de la pollution de l'air et de plus de 90% du stress hydrique et de la perte de biodiversité à l'échelle mondiale. Vraiment, soit le capitalisme meurt, soit c'est nous qui mourrons.

Article : Mothers* Rebellion (Rébellion des mères) – Un point de vue du Kenya
Mothers* Rebellion a lancé sa quatrième rébellion mondiale (dont nous parlerons dans le prochain numéro) et cet entretien avec une jeune mère de Nairobi donne un aperçu de ce que ce mouvement signifie pour les militant·es du Sud et de la manière dont celui-ci peut évoluer avec elleux.


Annonces

Journée de la Terre : Renseignez vos actions du mois d'avril !

AVRIL | À l'international

La Journée de la Terre ayant lieu dans un peu plus de deux mois, les préparatifs s'accélèrent ! EARTHDAY.ORG (EDO), les organisateurs internationaux de la Journée de la Terre, souhaitent mettre en avant votre travail et soutenir la mobilisation des événements XR tout au long du Mois de la Terre.

Renseignez ici vos actions du mois d'avril pour attirer les activistes d'EDO à vos événements.

Contactez Evan Raskin, responsable de la campagne de la Journée de la Terre, à [email protected] pour discuter des temps forts médiatiques et d'un éventuel soutien financier.


Court-métrage Plan Z

À venir

Pourquoi les scientifiques enfreindraient-iels la loi pour lutter contre le changement climatique ?

Le court métrage documentaire « Plan Z : From Lab Coats to Handcuffs (Plan Z : Des blouses de laboratoire aux menottes) » suit le parcours de Colin, professeur de psychologie, d'Abi, biologiste, et d'Aaron, cofondateur de « Scientists for XR », qui s'engagent dans la voie de la désobéissance civile.

Regardez l'impressionnante bande-annonce, faites un don à la production en cours et inscrivez-vous pour recevoir des informations sur la sortie du film en vous rendant sur le site officiel du film.


Merci

17 FÉVRIER | Copenhague, Danemark : Pleins d'amour et de rage, les rebelles et les activistes de Scientist Rebellion Nordic ont organisé un blocus de l'aéroport de Copenhague, sur le thème de la Saint-Valentin, pour exiger l'interdiction des jets privés. N'est-ce pas charmant ?

Merci d'avoir lu, rebelle. Si vous avez des questions ou des commentaires, n'hésitez pas à nous en faire part. Prenez contact avec nous à l'adresse suivante : [email protected].


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À propos de la rébellion

extinction rebellion est un mouvement international, décentralisé, autonome, et apartisan, ayant recours à l’action directe non-violente pour faire pression sur les gouvernements, afin qu’ils prennent enfin les mesures radicales nécessaires pour faire face à l’urgence écologique et climatique. Notre mouvement est composé de toutes sortes de personnes aux profils variés, qui participent selon leurs capacités et disponibilités. Il y a des chances pour qu'il y ait un groupe local près de chez vous, qui serait ravi que vous vous fassiez connaître ! S'impliquer …ou vous pouvez aussi faire un don.